Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Orlando Consulting
4 juillet 2011

Anne et le manteau rouge

En ce 24 décembre, Anne traine sa lassitude dans les rayons d'une enseigne dite culturelle, au logo aussi rouge que son nouveau manteau. S'est-elle mise à l'abri de ce temps de chien ou court-elle après le cadeau de dernière minute comme tous les moutons du jour ? Toujours est-il, qu'à son passage, c'est "tapis rouge". Au rayon des jeux vidéos, les hommes ont des pensées animales et au rayon littérature, les romantiques ont déjà écrit l'incipit de leur prochain roman : "C'est chez Virgin, à la Sainte Adèle, qu'un manteau rouge de Père Noël, fabriquait des torticolis".
Sa tête à elle, est ailleurs. Sa hotte est lourde de remords. Elle sent que c'est le moment de la décharger. La date s'y prête. Mais c'est bien plus facile à dire qu'à faire.

Cela fait quelques temps déjà que la jeune femme a l'impression de se vider, comme cette année finissante.
Sa petite quarantaine a appris à donner le change et Anne est devenue spécialiste en apparence. On se dit que peu d'efforts suffisent ; elle est tellement jolie. Ce sourire, cette frimousse et ces yeux XXL doivent la rendre douée pour le bonheur.
Et pourtant. Que de négociations intérieures, de doutes, d'anxiété enfouie, de dénis salvateurs.
Comme tout le monde, diraient les réalistes. Pas tout à fait, rétorquent les sensibles.

Y aurait-il dans tous ces rayons de bouquins, sur ces présentoirs débordants, un texte guide, une porte ouverte, une solution ? Sans doute. Mais la patience n'est pas la qualité première de la jolie femme. Elle, il lui faut un éclair, une fulgurance, une apparition, une vérité absolue. 
La citation, le proverbe et la maxime feront l'affaire. Amoureuse des coïncidences qui n'en sont pas, des hasards qui n'existent pas et font pourtant bien les choses, elle ouvre un de ces recueils grand public où les pages sont plus blanches qu'imprimées. Elle le fait à la manière de celui qui jouerait à la Loterie sans croire à la chance mais avec le secret désir d'être démenti.

Ouverture franche et sèche : L'aphorisme est là. Limpide. Anne et la phrase avaient rendez-vous. 
"Quand les histoires de cul sont aussi des histoires de cœur,
ce ne sont plus QUE des histoires de cœur" 
(Anonyme)
C'est fou ce que cet "Anonyme" est fécond ; il a écrit la moitié du bouquin.

Alors, comme par miracle, en une seconde, Anne règle son compte au passé. L'heure est trop solennelle pour que son esprit ose un compte de Noël
La verrière du grand magasin laisse passer une éclaircie, le temps d'un clin d'œil du ciel.
Désormais, tout s'allège. La hotte de la culpabilité vidée, elle pourrait s'envoler. 
Oui, c'est ça ! Elle n'a pas fauté, elle a aimé. Elle n'a pas trahi, elle a donné. Parenthèse licencieuse mais parenthèse sincère. Le projecteur de la morale ne l'aveugle plus, pour la clouer sur place. Assumer, c'est se pardonner et se pardonner c'est avancer. Le feu sera, à partir de cet instant, intérieur et éclairera le chemin de lendemains qui chanteront. Toujours.

Anne était rentrée dans le magasin, recrue et usée ; coupable.
Elle en sort, légère et libre ; responsable.
Dès lors, elle s'autorise le compte de Noël et la Virgin'ité retrouvée
Jugez bourgeois, causez moralistes, la nouvelle Anne est née. Ses ailes sont hors de portée de vos pensées rabougries comme doigts crochus.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Orlando Consulting
Derniers commentaires
Archives
Publicité